L’art engagé a-t-il encore de l’avenir ?
Débat - Conseil
Le 07/04/2008
L’art est-il encore subversif ? Thomas Hirschhorn, Gianni Motti…"Dessins" par Raymond PetitbonJusqu’où peut-on aller trop loin ? Matthieu Laurette, Santiago Sierra…4 avril 1968, Martin Luther King a été assassiné : Art et non-violence
Mai 68 a 40 ans !
"Douce France", Olga Kisseleva à l'Abbaye de Maubuisson (95)
Joël Hubaut au Micro-Onde (78)
On peut à juste titre penser que l'art est le fait du Pouvoir. Cette notion complexe « d'art engagé » traverse les siècles pour atteindre son paroxysme dans les années 1960. Elle semble alors caractériser la création contemporaine dont l'un des premiers engagements sera de fuir les lieux de pouvoir, marchand et institutionnel.
Aujourd'hui où l'œuvre est placée de plus en plus vite dans le circuit commercial, l'art peut-il encore être subversif dès lors que la subversion devient elle-même, et tout aussi rapidement, au mieux le thème d'une exposition historique muséale, au pire une formule marketing ?
Et la censure, n'est-elle pas pratiquée par les artistes eux-mêmes ? En effet, soit l'art se conforme aux lois de la diffusion publique, soit il utilise la censure comme une stratégie de communication efficace. À la figure de l'artiste marginal, peut-être verra-t-on succéder celle de l'artiste subversif souple, adaptable au marché du "politiquement incorrect" ?
L'Amérique qui voit revenir les Boys dans des sacs en plastique est sans doute aujourd'hui le pays où s'organise avec le plus d'intensité une réflexion sur l'art et le politique. Les dessins de Raymond Petitbon en sont depuis longtemps une excellente illustration. D'autres artistes, en Europe, minent le système de l'intérieur (Hirschhorn, Motti…) ; d'autres encore soufflent sur les braises des inégalités (Sierra), transforment l'art en supermarché (Laurette), ou le monde en un vaste happening (Hubaut).
On peut s'interroger sur la validité d'un art qui prend Parti, descend dans la rue battre le pavé et manifeste par des moyens détournés. Un art si éloigné de tout ce qui a été produit dans l'Histoire jusque-là ! Ces œuvres seront-elles destinées à se consumer dans les flammes des idéologies ou deviendront-elles les objets cultes de la future génération “virtuelle“?
Que trouverons-nous sous les pavés des années 2000 ? Certainement pas la plage !